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244 ARTISTES PARISIENS DU XVP ET DU XVIIe SIÈCLE.
temps, c'est-à-dire sur lés états de i53o à i54o , sont signalés sous la rubrique : Ouvrages de tapisserie un certain nombre de tapissiers de haute lisse, appointés aio livres, 12 livres et demie ét 15 livres par mois. Leurs noms doivent être rappelés ici, car on va en retrouver bientôt plusieurs dans les documents qui suivent. Ces tapissiers de Fontainebleau s'appellent Jean et Pierre Le Bries, Jean Desbouts, Pierre Philbert, Pasquier Mailly, Jean Texier, Pierre Blassay, Salomon et Pierre de Herbaines, Jean Marchais, Nicolas Eustace, Nicolas Gaillard, Louis du Rocher, Claude Le Pelletier, Jean Souyn, soit environ quinze tisseurs, nombre suffisant pour occuper cinq ou six métiers. Il semble bien qu'avant l'organisation de l'atelier royal de Fontainebleau le Roi s'adressait aux fabricants de Bruxelles et d'Anvers et leur fournissait même les modèles des tentures qu'il commandait. En i53o, le graveur véronais Matteo del Nassero, nommé dans les documents anciens Mathieu d'Alnassar, vend, au prix de 20 écus l'aune, deux pièces de tapisserie d'or et de soie représentant Actéon et Orphée^. Ces tentures sortaient des ateliers de. Bruxelles; l'artiste n'avait donc joué qu'un rôle de commissionnaire.
Dès i532,. le fameux tisseur bruxellois, Pierre de Pannemaker, avait reçu la commande d'une tapisserie de fil d'or, d'argent et de soie, du prix de 7,5oo écus soleil, mais dont le sujet n'est pas mentionné au compte12'. Un autre marchand bruxellois vend au Roi, en 1534, trois tentures représentant VHistoire de Remus et de Romulus, des Espaliers et la Création du Monde, en tout 2i4 aunes en carré; le prix s'élève à 7,5o3 écus(4). C'est le même fabricant qui procure une tenture en cinq panneaux, les Cinq âges du Monde j pour 1,776 écus soleil(3). La même année ( 1538) trois pièces de tapisserie et quatre pentes pour garnir un lit de camp, de l'Histoire de Phébus, rehaussées de fil d'or, d'argent et de soie, sont livrées par Bastien de la Porte, autre marchand bruxellois, au taux de 5o écus soleil l'aune, soit au total 1,961 livres, i3 sous io deniers. N'oublions pas le petit modèle de Scipion que François Ier confiait, en 1532, aux soins du Primatice chargé de le porter à Bruxelles(4).
L'alelier de Fontainebleau prolongea son existence sous le roi Henri II, sans qu'on-sache même approximativement quand il cessa ses travaux. L'atelier de charité que le fils de François 1er avait installé à Paris, dans l'hôpital de la Trinité, pour y enseigner la haute lisse aux enfants orphelins ou abandonnés, prolongea plus longtemps ses travaux. Il existait encore sous Louis XIII. Certains artisans qui ont joui d'une certaine réputation y ont fait leur apprentissage; mais les œuvres authentiques de cette provenance qu'on possède encore ne donnent qu'une assez pauvre idée du goût et de l'habileté des tisseurs de la Trinité.
Grâce à ces encouragements princiers la tapisserie était assurée de vivre, et nos habiles artisans vont se montrer de plus en plus capables de rivaliser avec les célèbres ateliers des Flandres. C'est à partir du règne de François Ier que nous voyons le nombre des tapissiers s'accroître sans cesse a Paris, comme Ie constatent les documents recueillis dans les Archives publiques et notariales.
En première ligne voici ce Pierre du Larry qui avait travaillé pour l'abbaye de Saint-Denis, et Antoine du Larry, son fils présumé. A côté de lui, trois ou quatre noms se distinguent entre tous, et, au premier rang, Girard Laurens et Guillaume Torcheux ou Tricheux, dont l'activité se prolonge de 1536 à 1670. Ces tapissiers semblent bien avoir tenu la tête de l'industrie parisienne au milieu du xvi6 siècle. Immédiatement après eux il faut citer Pierre Blasse (i54o-
(i) Léon de Laborde, Les Comptes des bâtiments du Roi (1528-1571), t. II, p. 370. ■ I" Ibidem, p. 2i4-5, 375. 151 Ibidem, p. 37-1. ") lbid, p. 366.
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